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Repères chronologiques

REPÈRES CHRONOLOGIQUES (1939-1941)


1939
23 août : le pacte germano-soviétique, signé entre Molotov et Ribbentrop, scelle pour un temps une alliance entre l’Allemagne et l’Union soviétique et délimite les sphères d’influence de chacun des deux pays en Europe centrale et orientale.
1er septembre : Hitler envahit la Pologne, déclenchant ainsi le second conflit mondial.
17 septembre : les troupes soviétiques pénètrent à leur tour en Pologne, et sa partie orientale est rattachée aux Républiques socialistes soviétiques d’Ukraine et de Biélorussie.
Septembre-octobre : l’URSS impose la signature de traités d’assistance mutuelle aux États baltes. Wilno (aujourd’hui Vilnius), qui était polonaise avant la guerre, est détachée de la Biélorussie pour être intégrée à la Lituanie.
Novembre 1939-mars 1940 : la « guerre d’hiver » entre l’URSS et la Finlande qui résiste ainsi aux appétits territoriaux de son puissant voisin.

1940
En Pologne orientale (Ukraine et Biélorussie occidentales), entre 1940 et 1941, les Soviétiques, qui ont annexé ces régions à la suite du pacte germano-soviétique, organisent quatre grandes vagues de déportation destinées à purger les régions orientales des « éléments indésirables ». Chaque opération de déportation a, au départ, une cible bien précise.
Février : déportation des colons militaires, les osadniki, et de leurs familles, ces anciens soldats et officiers de l’armée polonaise qui avaient combattu durant la Première Guerre mondiale ou participé à la guerre russo-polonaise de 1920 et auxquels avaient été attribuées des terres dans l’objectif stratégique d’affirmer la présence polonaise dans les régions frontalières.
Avril : les déportations concernent surtout les représentants de l’ancien ordre public polonais (policiers, gendarmes, gardiens de prison, employés administratifs), les membres des classes possédantes (propriétaires, artisans, fabricants, commerçants) ainsi que les membres des familles de réprimés.
Juin : déportation des réfugiés qui avaient fui la Pologne occidentale occupée par les Allemands. Échoués par la suite en Ukraine et Biélorussie occidentale, désormais soviétique, ils se voient proposer la citoyenneté. Ceux qui la refusent sont déportés en Sibérie ou dans le Grand Nord. 80 % des 75 000 personnes déportés étaient des Polonais d’origine juive.
Juin-juillet : après la défaite de la France, Staline accélère le processus d’annexion des États baltes à l’URSS. L’Armée rouge pénètre dans les trois pays, des émissaires sont envoyés de Moscou pour coordonner le rattachement en s’appuyant sur des forces locales. Les États baltes deviennent des Républiques socialistes soviétiques.

1941
Juin : la quatrième et dernière opération ne concerne plus seulement les territoires orientaux de la Pologne, mais aussi les trois pays baltes et la Moldavie (annexée en août 1940) et a pour but de « nettoyer » ces territoires – selon le terme employé dans les décrets soviétiques – des éléments antisoviétiques, criminels et « socialement dangereux ».
Dans cette opération, dix catégories d’individus sont ciblées et divisées entre ceux qui doivent être arrêtés et condamnés aux travaux forcés et ceux qui doivent être déportés et assignés à résidence dans les peuplements spéciaux. Les membres actifs des partis contre-révolutionnaires et nationalistes, les ex-officiers de police, les gendarmes, les gardiens de prison, les hauts fonctionnaires et les ex-officiers sur lesquels existaient des documents compromettants, les propriétaires fonciers, les industriels et les entrepreneurs et enfin les criminels doivent être condamnés à 5 à 8 ans de travaux forcés ; leurs propriétés doivent être confisquées et, une fois la peine purgée, ils devront vivre en relégation pendant 20 ans dans les régions éloignées de l’URSS. Les familles des individus appartenant à ces catégories et les réfugiés allemands devant être rapatriés en Allemagne, mais ayant refusé d’y être transférés – et sur lesquels existent des matériaux sur leurs activités antisoviétiques ou des soupçons sur leurs rapports avec les services étrangers de contre-espionnage – doivent être déportés pour 20 ans dans les peuplements spéciaux et leurs propriétés confisquées.
Plus de 85 000 « éléments antisoviétiques » sont ainsi déportés dans les peuplements spéciaux en Sibérie et au Kazakhstan, dont 37 000 issus de la Pologne orientale, 23 000 de Moldavie et 25 000 des pays baltes. Dans les pays baltes, 12 à 15 % d’entre eux sont d’origine juive.
22 juin 1941 : déclenchement de l’opération Barbarossa – l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie. Les quatre années de « Grande Guerre patriotique » sont marqués par des combats sanglants, des conditions de vie extrêmement pénibles et des systèmes d’occupation meurtriers : plus de 25 millions de Soviétiques y trouvent la mort. Les marges occidentales de l’URSS sont les premiers territoires occupés par les Allemands ; ils y mènent très tôt une politique d’extermination des Juifs.
Juillet 1941 : signature des accords Sikorski (chef du gouvernement polonais en exil à Londres) – Maïski (Ambassadeur d’Union soviétique à Londres) qui conduisent au décret d’amnistie des Polonais prisonniers ou déportés en URSS, le 12 août de cette même année et à la formation de l’Armée Anders sur le territoire soviétique.
Août : déportation en Asie centrale d’environ 1 million d’Allemands originaires de la région de la Volga, du Caucase et de Crimée, accusés de collusion avec l’Allemagne nazie. La république des Allemands de la Volga est supprimée.
Septembre : déportation au Kazakhstan d’environ 89 000 Finlandais originaires de la région de Leningrad.

                                                                                                           Alain Blum et Marta Craveri