Solidarité Ukraine
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BioGraphie

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Vera  CHOPIK-DROZD


Vera Chopik-Drozd naît, en septembre 1929, dans un village de la région de Ternopil, en Ukraine occidentale. Ses parents sont des fermiers, de religion gréco-orthodoxe, très pratiquants.

Depuis son enfance, elle connaît les activités de son père et son combat pour la cause ukrainienne.

Avec l’entrée des Soviétiques en Ukraine occidentale, en septembre 1939, son père est arrêté et transféré dans la prison de Ternopil. C’est dans cette prison qu’elle va le chercher avec sa mère, en juin 1941, à l’arrivée des Allemands. Pour la première fois elle voit les fosses communes pleines de cadavres des ennemis réels ou fantasmés du pouvoir soviétique.

Quand, à partir de 1944, les Soviétiques réussirent à reprendre le contrôle de la région, Véra et sa famille aident les résistants nationalistes qui continuent à se battre dans les Carpates contre l’armée Rouge. Vera apprend à préparer des médicaments avec des herbes, à confectionner des uniformes, et à préparer des repas avec sa mère pour les amener dans la forêt où sont cachés les insurgés.

Son frère et son père sont arrêtés les premiers. L’été 1950, c’est elle qui est arrêtée et condamnée à 25 ans de travaux forcés dans le Minlag, un des camps spéciaux pour prisonniers politiques, près de la ville de Inta, dans la république des Komis.

Quelques années après la mort de Staline en 1956, elle bénéficie d’une amnistie. Elle sort du camp, mais n’a pas le droit de rentrer chez elle. Elle vit 21 ans en république des Komis, où elle apprend le métier de couturière. Ce n’est qu’en 1973, qu’elle peut enfin rentrer en Ukraine occidentale.

L'entretien avec Vera Chopik-Drozd a été conduit en 2009 par Marta Craveri et Marc Elie.

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Arrestation

«Le camion pénètre dans la cour et les tchékistes sortent de la voiture. Je suis déjà habillée, car c’est un jour de fête. Je porte une très jolie chemise brodée, une jupe à carreaux. Les tchékistes m’ont arrêtée. Ils m’ont attaché les mains derrière le dos et m’ont jetée sur le camion comme un mouton. Je suis restée pendant 10 jours sans colis de la part de mes proches, sans rien. On m’a emmenée alors à Ternopil en camion. C’était l’été. Sur le camion, il y avait déjà 4 hommes prisonniers, les tchékistes se sont disposés en face d’eux et moi j’ai été placée au milieu. Pendant ces 10 jours dans la ville, je n’ai pas mangé à ma faim. Il y avait également d’autres femmes prisonnières avec moi.»    

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A la prison de Ternopil en juin 1941

 

«Ma mère avec une autre veuve ont attelé les chevaux et nous sommes parties à Ternopil. C’était au mois de juin. Il faisait très chaud. On sentait de la puanteur et les mouches volaient partout. Nous n’avons pas pu approcher la prison. Les policiers allemands armés de matraques nous ont stoppées devant l’entrée. Nous sommes descendues du chariot, ma mère a pris ma main et nous nous sommes approchées. La prison était entourée de camions et le portail était bloqué par deux chars. 

Le silence régnait. J’ai compris que les Allemands, en s’emparant de la prison, avaient creusé une fosse. Et quand nous avons regardé la fosse, elle était déjà ouverte. Et il faisait très chaud. Il y avait beaucoup de mouches et on sentait la puanteur. Toute la ville de Ternopil avait dû être aspergée de produits chimiques.

Et les gens regardaient et pleuraient : la prison était remplie de cadavres. La fosse aussi était remplie de cadavres et le mur était couvert de traces de balles.»

 

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Chansons ukrainiennes (I)

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Chansons ukrainiennes (II)