Solidarité Ukraine
INED Éditions. Archives Sonores, Mémoires européennes du Goulag

BioGraphie

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Anna BARKAUSKIENĖ


Anna Barkauskienė naît à Kaunas en 1938. Son père est ingénieur, sa mère médecin, ce qui aura une grande importance dans la suite. Elle va échapper par deux fois à une mort presque certaine. D'abord, et paradoxalement, car sa famille juive est déportée en juin 1941, quelques jours avant que les Allemands envahissent le territoire de la Lituanie et n'exterminent la population juive. Son père n'est pas envoyé dans un camp, car il est malade, et accompagne donc sa famille, qui est déportée jusqu'à l'Altaï, parmi les nombreux lituaniens. Ils imaginent alors un long exil sur ces lieux, mettant à profit un lopin de terre pour en faire un potager qui devrait leur permettre de survivre et pallier une alimentation très déficiente. Mais ce "répit" n'en n'est pas un car Staline en décide autrement, lorsqu'il ordonne de développer la pêche aux embouchures des fleuves sibériens, sur les rives glacées de l'Océan arctique. Ainsi, à l'été 1942 sa famille est embarquée ainsi que plusieurs milliers d'autres Lituaniens, dans un convoi ferroviaire jusqu'à Irkoutsk puis dans des barges sur le fleuve Angara, puis le fleuve Lena, jusqu'à la ville de Iakoutsk. Ils doivent ensuite repartir vers l'embouchure de la Lena, sur la mer de Laptev, là où ne survivront que bien peu "d'enfants de glace", après le terrible hiver 1942-43 sur les rives de cette mer (tels Irena Ašmontaitė ou David Jozefovitch). Elle aurait eu, ainsi que sa mère et son père, de grande chance d'y mourir de faim et de froid. Mais un groupe de déportés pris l'initiative de faire la liste des spécialités présentes parmi toutes les personnes ainsi convoyées, et alla frapper aux portes des différentes administrations pour offrir leurs services. Les immenses manques en personnel qualifié suite à la guerre, permirent alors, avec l'accord du NKVD, à 800 personnes convoyées de rester à Iakoutsk et de travailler dans des conditions bien plus acceptables pour des exilés. Ainsi la mère d'Anna devint aide-soignante, une profession bien moins qualifiée que celle qu'elle avait auparavant. Son père, affaiblit, décède.
Ils survécurent ainsi jusqu'à la mort de Staline, et essayèrent alors de rentrer en Lituanie. Anna et sa mère ont d'abord le droit, en 1954, de vivre à Omsk où Anna peut étudier. L'oncle d'Anna envoie, à l'instar d'autres déportés ou membres de leurs familles, de multiples requêtes auprès des diverses personnalités. La mère d'Anna espérait aussi bénéficier de la protection de personnes désormais haut placées ou reconnues, tel le président du présidium de la plus haute instance soviétique en Lituanie, Justas Paleckis, qu'elle avait soigné avant 1939, alors qu'il n'était qu'un journaliste peu visible ni reconnu.
Anna est libérée en 1954, et reçoit son premier passeport, qui lui permet de rentrer à Kaunas avec  sa mère quelques mois après.

L'entretien avec Anna Barkauskienė a été conduit en 2010 par Marta Craveri.

 

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Une enfance multilingue (VO en russe)

Anna Barkauskienė aborde les multiples langues (russe, lituanien, yiddish) qu'elle parlait lors de son enfance en Lituanie, puis dans l'Altaï en déportation.

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Anna Barkauskienė exilée dans l'Altaï

Lorsque le père et la mère d'Anna Barkauskienė, déportés de Kaunas (Lituanie) en juin 1941 avec leur fille, arrivent dans l'Altaï, ils pensent que la route de l'exil s'arrête là. Ils se préparent donc à un long séjour, et aménagent sur un lopin un jardin-potager, pour espérer survivre aux rudes conditions de ce lieu. Ils n'y passeront cependant qu'un an, à nouveau déportés l'été 1942, emportés vers l'embouchure de la Lena.

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Vers un nouvel exil

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Écrire pour être libéré

L'oncle d'Anna Barkauskienė envoie des lettres à de multiples destinataires pour demander la libération d'Anna et de sa mère. Celle-ci espère que les nombreuses personnes qu'elle avait soignées avant la guerre et qui ont désormais des positions importantes, pourraient intervenir. Elle a en particulier soigné le président du présidium du Soviet suprême de Lituanie, Justas Paleckis.