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Devenir soviétique


 

Après une suite de violences, qui marquent le moment de la déportation, de nombreux déplacés spéciaux, arrivés en Sibérie ou en Asie centrale, perçoivent un monde qui, malgré sa dureté, offre certaines voies d'intégration. La situation matérielle des populations locales leur apparaît étonnamment proche de la leur. Ils ont en commun leur expérience de main d’œuvre dans les kolkhozes et l’industrie forestière.

La socialisation et l’intégration de ces nouveaux arrivants passent avant tout par le travail, qui peut combiner travail collectif, encadré et commandé, et activités annexes (notamment dans un potager individuel). Le travail collectif les contraint à adopter les formes d’organisation et les valeurs sociales soviétiques : importance de l’équipe, acquisition d’une compétence technique dans le cadre de la mécanisation du travail, vécue comme promotion, récompenses liées à la carrière et à la quantité de travail fourni. Certains adhèrent ainsi, peu à peu, à un discours qui glorifie le travail, met en valeur la domination de l’homme sur la nature par la construction de grands complexes industriels et urbains.

L’intégration à ce monde soviétique passe aussi par l’adoption de stratégies de survie qui lui sont propres, telles que la participation aux échanges de services non monétarisés. Ainsi, de nombreux témoins évoquent ces machines à coudre qui ont permis à nombre de familles lituaniennes en déportation de survivre. Les échanges de services peuvent ouvrir les portes à l'intégration dans la communauté locale, dont les pratiques sont soviétiques, y compris avec ce que cela comporte de contournements et d'évitements.

Ces modes d’intégration et de promotion sociale sont d’autant plus importants que d’autres plus politiques, comme le Komsomol ou le Parti, sont partiellement ou complètement fermés aux déportés.

Texte : Emilia Koustova

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Abram Lešč: «Devenir soviétique» (VO - russe)

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L'importance de la mécanisation du travail

La glorification du travail mécanique et de la domination de l'homme sur la nature fait partie du discours soviétique, et est parfois adoptée par les témoins. Les photos présentées ici montrent cette importance de la machine et de la puissance, que ce soit dans le travail (tracteurs agricoles ou forestiers en particulier) ou à titre privé (la motocyclette, symbole de réussite sociale, surtout pour les hommes).

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Formation professionnelle

Dans ce film, issu des actualités cinématographiques de Sibérie orientale, on observe bien une certaine atmosphère soviétique, tant dans la manière d'être du formateur, que dans les objectifs techniques de cette formation mise en avant dans les actualités. 

Ce film a été projeté dans le cadre des actualités cinématographiques de Sibérie orientale, en 1953.

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Antanas Kybartas: « J’ai été éduqué en bon soviétique » (VO - russe)

Dans cet extrait, Antanas Kybartas raconte l'éducation qu'il a reçue en déportation.

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Antanas Kybartas: « J’ai été éduqué en bon soviétique » (VF)

Dans cet extrait, Antanas Kybartas raconte l'éducation qu'il a reçue en déportation.

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Iaroslav Pogarski raconte son exclusion du collectif de l'école (VO - russe)

«Je n’ai pu devenir ni pionnier, ni komsomol, je n’ai pu entrer dans aucune organisation. Vous imaginez, comme c’est douloureux !
Quand les komsomols de la classe se réunissent, moi, Pogarskij, je dois sortir !
Quand la classe va récolter des plantes médicinales, “Pogarskij, tu ne viens pas !”
Quand la classe va nettoyer la rue, “Pogarskij, toi, tu restes ! Seuls viennent les komsomols.”
Vous savez, ça laisse une blessure profonde dans l’âme.
Mon père disait, je me souviens de ses mots, il disait “mon petit, tant que tu peux, étudie ! Toutes les portes sont fermées devant nous. Tant que tu peux, étudie !”

Le fait qu’on ne m’invitait jamais aux manifestations, ça a marqué mon caractère. J’ai fini par les éviter. Quand un collectif se rassemblait, je ne m’en mêlais pas. Je savais que ce n’était pas pour moi. C’était très dur.

Ça a marqué mon caractère quand j’étais enfant. Ça m’a influencé plus grand et ça continue à m’influencer.»

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Iaroslav Pogarski raconte son exclusion (VE)

«Je n’ai pu devenir ni pionnier, ni komsomol, je n’ai pu entrer dans aucune organisation. Vous imaginez, comme c’est douloureux !
Quand les komsomols de la classe se réunissent, moi, Pogarskij, je dois sortir !
Quand la classe va récolter des plantes médicinales, “Pogarskij, tu ne viens pas !”
Quand la classe va nettoyer la rue, “Pogarskij, toi, tu restes ! Seuls viennent les komsomols.”
Vous savez, ça laisse une blessure profonde dans l’âme.
Mon père disait, je me souviens de ses mots, il disait “mon petit, tant que tu peux, étudie ! Toutes les portes sont fermées devant nous. Tant que tu peux, étudie !”

Le fait qu’on ne m’invitait jamais aux manifestations, ça a marqué mon caractère. J’ai fini par les éviter. Quand un collectif se rassemblait, je ne m’en mêlais pas. Je savais que ce n’était pas pour  moi. C’était très dur.

Ça a marqué mon caractère quand j’étais enfant. Ça m’a influencé plus grand et ça continue à m’influencer.»

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Rafaïl Rozental décrit la soviétisation

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Juozas Miliautskas et le progrès technique (VO - russe)

«Mon frère, il a fait son école ici. Il était très bon élève. Il a ensuite travaillé sur la remorque du tracteur. C’est seulement lorsqu’il est rentré en Lituanie qu’il a pu conduire le tracteur.
Après, il y a eu des diesels… Après la guerre, il y avait des tracteurs NATIK, avec des cabines en fer ! Ah ces fameux tracteurs diesels, INCROYABLE…
Moi, je les ai conduits, ces tracteurs, et aussi les moissonneuses-batteuses ! J’étais chauffeur ! J’ai même fait venir des moissonneuses-batteuses depuis Irkoutsk. Ça faisait 500 km de route. Il fallait passer en surplomb du fleuve, sur les rochers ! Les moissonneuses-batteuses se renversaient souvent. Mais moi, ça s’est toujours bien passé !»

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Juozas Miliautskas et le progrès technique (VE)

«Mon frère, il a fait son école ici. Il était très bon élève. Il a ensuite travaillé sur la remorque du tracteur. C’est seulement lorsqu’il est rentré en Lituanie qu’il a pu conduire le tracteur.
Après, il y a eu des diesels… Après la guerre, il y avait des tracteurs NATIK, avec des cabines en fer ! Ah ces fameux tracteurs diesels, INCROYABLE…
Moi, je les ai conduits, ces tracteurs, et aussi les moissonneuses-batteuses ! J’étais chauffeur ! J’ai même fait venir des moissonneuses-batteuses depuis Irkoutsk. Ça faisait 500 km de route. Il fallait passer au-dessus du fleuve, sur les rochers ! Les moissonneuses-batteuses se renversaient souvent. Mais moi, ça s’est toujours bien passé !»

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Pionnière et Komsomol (VO - russe)

En Lituanie,Marite Kontrimaite est devenue pionnière au moment du « dégel rose », puis membre du Komsomol. Sa mère était en colère, son père pleurait. Elle considérait qu'ils ne comprenaient pas que, désormais, on allait réellement maîtriser leur futur.

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Pionnière et Komsomol (VF)

En Lituanie, Marite Kontrimaite est devenue pionnière au moment du « dégel rose », puis membre du Komsomol. Sa mère était en colère, son père pleurait. Elle considérait qu'ils ne comprenaient pas que, désormais, on allait réellement maîtriser leur futur.

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Nostalgie et patriotisme en Sibérie selon Marytė Kontrimaitė

(VO - russe)

En Sibérie, ils se réunissent entre Lituaniens et chantent « Laissez-nous partir dans notre Patrie » ou lisent des poèmes. La mère de Marytė Kontrimaitė parle beaucoup à sa fille de traditions et légendes. La petite se crée ainsi des images idylliques de sa patrie.

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Marytė Kontrimaitė : Nostalgie et patriotisme en Sibérie

(VF)

En Sibérie, ils se réunissent entre Lituaniens et chantent « Laissez-nous partir dans notre Patrie » ou lisent des poèmes. La mère de Marytė Kontrimaitė parle beaucoup à sa fille de traditions et légendes. La petite se crée ainsi des images idylliques de sa patrie.

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Nadejda Tutik: Devenir pionnière (VO - russe)

Dans cet extrait, Nadejda Tutik raconte avoir dû écrire une rédaction à l’école sur son entrée aux Pionniers. Sa maîtresse était si contente de sa rédaction qu’elle l’a envoyée à la radio locale, qui l’a diffusée sur les ondes.

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Nadejda Tutik: Devenir pionnière (VE)

Dans cet extrait, Nadejda Tutik raconte avoir dû écrire une rédaction à l’école sur son entrée aux Pionniers. Sa maîtresse était si contente de sa rédaction qu’elle l’a envoyée à la radio locale, qui l’a diffusée sur les ondes.

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Nadejda Tutik: La colère de son cousin envers le pouvoir soviétique (VO - russe)

Dans cet extrait, Nadejda Tutik oppose son expérience d’être née en déportation avec celle de son cousin, qui avait 10 ans lors de sa déportation et qui a toujours refusé de s’intégrer à la vie soviétique.

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Nadejda Tutik: La colère de son cousin envers le pouvoir soviétique (VE)

Dans cet extrait, Nadejda Tutik oppose son expérience d’être née en déportation avec celle de son cousin, qui avait 10 ans lors de sa déportation et qui a toujours refusé de s’intégrer à la vie soviétique.

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Rester: Andreï Ozerovski et son attachement à la mine, libre (VO - russe)

Andreï Ozerovski: «Je suis arrivé à Karaganda en 1960, je me suis marié en 1955, et en 1956 notre fille est née. En 1960, je suis donc arrivé ici et je me suis fait embaucher à la mine. Je connaissais déjà la mine depuis mes années de camp à Djezkazgan. Mais là, j’étais libre, et il n’y avait pas de gaz, c’était moins dangereux. Aujourd’hui, si je devais recommencer, je retournerais travailler à la mine. Oui, il y a des explosions, les gens peuvent y perdre la vie, oui, c’est dur. Mais aujourd’hui, comme je serais heureux de revoir la mine, ne serait-ce qu’une demi-heure. Moi j’adore regarder les mineurs. Je suis très profondément attaché à la mine !»

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Rester: Andreï Ozerovski et son attachement à la mine, libre (VF)

Andreï Ozerovski: «Je suis arrivé à Karaganda en 1960, je me suis marié en 1955, et en 1956 notre fille est née. En 1960, je suis donc arrivé ici et je me suis fait embaucher à la mine. Je connaissais déjà la mine depuis mes années de camp à Djezkazgan. Mais là, j’étais libre, et il n’y avait pas de gaz, c’était moins dangereux. Aujourd’hui, si je devais recommencer, je retournerais travailler à la mine. Oui, il y a des explosions, les gens peuvent y perdre la vie, oui, c’est dur. Mais aujourd’hui, comme je serais heureux de revoir la mine, ne serait-ce qu’une demi-heure. Moi j’adore regarder les mineurs. Je suis très profondément attaché à la mine !»

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Kolkhoze Staline

Devenir Soviétique par le travail

La mise en scène du travail au kolkhoze rassemble ici tous les éléments de ce qu'on peut appeler «le soviétisme» : l'arrivée de la mécanisation mais aussi une très forte subsistance du travail non mécanisé. L'organisation collective de l'exploitation agricole, reproduisant presque le travail à la chaîne. On voit aussi des formes de domination non perçues alors, comme celle des hommes sur les femmes, les premiers disposant de tous les attributs du pouvoir (le costume, la mécanique - ici une motocyclette, etc.).

Ce film a été projeté aux actualités cinématographiques de Sibérie orientale, en 1950.