Henry Welch a 6 ans lorsqu'il est déporté avec sa mère, qui, réfugiée de Pologne suite à l'avancé des armées nazies, refuse de prendre la citoyenneté soviétique. Commence alors un long trajet, qui l'emporte d'abord en déportation dans le Grand Nord russe, dans la région d'Arkhangelsk. Libéré du statut de « déplacé spécial » (déporté), suite aux accords entre le gouvernement polonais en exil à Londres et le gouvernement soviétique, il ne peut quitter l'URSS en guerre, mais part vers l'Asie centrale, où il va circuler de kolkhoze en sovkhoze.
Il attend 1945 pour rentrer en Pologne, mais, face à l'antisémitisme persistant et la disparition de la plupart de ses proches, exterminés par les nazis, il entame un long périple qui l'emmène en Amérique du Sud, où réside son père, puis aux États-Unis où il étudie, avant de rentrer en Europe.
Ces trajectoires traversent d'Ouest en Est, du Sud au Nord, l'espace soviétique. Les enfants de glace sont des personnes transportées enfant d'un point à l'autre, durant d'interminables trajets en train, puis par camions ou barges, pour atteindre les zones les plus extrêmes du territoire soviétique. Elles se font en deux temps, ces enfants étant d'abord relégués dans l'Altaï, puis au nord du cercle polaire.
Une partie des relégués ne rentrent jamais dans leur territoire d'origine, ni ne partent dans un ailleurs éloigné. Ils ou elles décident ou sont contraints pour diverses raisons de rester. Insertion forte dans le lieu de relégation, passant parfois par un mariage ou une ascension sociale, échec des tentatives de réinsertion dans leur patrie, problèmes financiers, etc. Ils sont en minorité (il n'est pas possible d'en donner une estimation) mais ils sont encore bien présents dans les territoires sibériens ou d'Asie centrale.
Zygmunt Turzański est recruté à partir de 1942 par l’Armée de l’intérieur (Armia Krajowa). Après l’arrivée de l’Armée rouge, il est arrêté à Stryj en juillet 1944. Il sera déporté au Kazakhstan en 1945, où il alterne camp et relégation dans des villages spéciaux. Il n'est libéré qu'en 1955 et ne rentre à Varsovie qu'en 1957. Il s’établit alors à Głubczyce (petite ville proche de la frontière polono-tchèque).