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BioGraphie

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Austra ZALCMANE


Austra Zalcmane, née en 1935, est la fille d’un un chef local historique des Aizsargi, une organisation paramilitaire née pendant la guerre d’indépendance de Lettonie et supportant le régime autoritaire de Karlis Ulmanis (1934-1940). Très rapidement, la hiérarchie de cette organisation est visée par la répression soviétique, et la famille d’Austra est expulsée de sa demeure. Le 14 juin 1941, la famille est arrêtée et séparée. Le père est condamné à une peine de travaux forcés à laquelle il ne survit pas. Austra, sa mère et ses frère et soeurs sont déportés dans la région de Krasnoïarsk. Le petit frère y décède, la maman et les trois filles font face à la faim et la maladie.

En 1946, Austra et ses sœurs  sont autorisées à rentrer en Lettonie dans le cadre d’une mesure concernant les orphelins et semi-orphelins lettons et estoniens des colonies spéciales. Confiée à sa tante, elle poursuit ses études et devient institutrice. Sa mère rentre en 1957, du fait de la vague d’amnistie touchant l’ensemble des colons spéciaux. 

Austra est la sœur de Lilija Kaijone.

L'entretien avec Austra Zalcmane a été conduit en 2008 par Juliette Denis.

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La famille d'Austra et de Lilija

 

Austra et Lilija ont conservé, grâce à leurs oncles et tantes, des photos d’avant-guerre représentant leurs parents, accompagnés de leurs enfants.

Leur père était le chef local d’une organisation d’Aizsargi, on le voit sur les photos (au centre) en compagnie de ses subordonnés.

Leur maison et les images d’enfance constituent aujourd’hui les vestiges de la période présoviétique.

 

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L’«enfer russe»

En train, Austra écoute les adultes maudirent la Russie. Dans l’esprit de la petite fille, se forge l’idée que les déportés vont être précipités dans un monde en flammes. Elle redoute avec terreur l’arrivée en Russie. Mais une fois la frontière passée, il ne fait pas plus chaud, à l’extérieur on entrevoit des arbres, des prairies et des villages.

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Le voyage en bateau

Arrivé à Krasnoïarsk, le convoi de déportés embarqua sur un bateau et remonta le fleuve vers des destinations plus lointaines. Durant le trajet, tous craignent de chavirer.

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Le choix de la main-d’œuvre

Après un trajet de plus d’un mois, les déportés arrivent enfin à destination. Les directeurs des kolkhozes environnants, prévenus de leur arrivée, les attendent au débarcadère. Mais la plupart sont déçus face à ce convoi presque exclusivement constitué de femmes et d’enfants. Tous se ruent sur les familles les plus valides. A l’inverse, les familles composées de femmes et d’enfants en bas âge se retrouvent sans preneur… mais, puisqu’ils étaient arrivés, il faut bien les emmener. La famille d’Austra se retrouve dans un sovkhoze reculé.  

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Austra apprend le russe

 

Scolarisées, Austra et ses sœurs éprouvent dans un premier temps de grandes difficultés à s’intégrer aux classes russophones. Elles bénéficient de l’aide de leur mère, qui parle couramment le russe depuis la Première Guerre mondiale. Vraisemblablement, la mère d’Austra s’etait réfugiée à l’Est durant ce conflit, comme de très nombreux Lettons, et y avait acquis des compétences linguistiques.

Grâce aux devoirs supplémentaires effectués sous l’autorité maternelle, les filles devinrent rapidement les meilleures élèves de leur école. 

 

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L’évolution du logement des déportés

Après avoir vécu dans des baraques, entassées avec d’autres familles, Austra, sa mère et ses sœurs finissent par obtenir un petit logement individuel.

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Le réapprentissage de la langue lettone

 

Après son retour en Lettonie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Austra retourne dans une école lettone. Mais elle a oublié le letton et obtient de mauvaises notes en dictée.

Processus inverse de celui connu en Sibérie, mais symboliquement plus douloureux, l’apprentissage de sa langue natale, devenue étrangère, est favorisé par son institutrice, qui fit preuve d’une grande patience et d’une profonde sympathie à son égard. 

 

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Les discriminations envers les anciens déportés

Austra et, surtout, sa sœur aînée firent face à des restrictions dues à leur ascendance : filles d’un ennemi du peuple, déportées en Sibérie, elles doivent rédiger leur autobiographie avant d’accéder à une place à l’université ou à un poste professionnel et se font parfois refouler. Elles apprennent à masquer leur origine.

Austra a également refusé de renier la mémoire de son père, et ne put alors rejoindre les Jeunesses communistes (Komsomol).

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Documents administratifs

Austra a, comme beaucoup d’autres anciens déportés, conservé les documents relatifs au destin de sa famille. Ainsi, l’acte de décès de son père, que sa mère finit par obtenir en 1947, les documents réhabilitant sa famille dans les années 1990, et enfin les réponses des administrations quant au sort de la demeure familiale, nationalisée en mars 1941.